L’heure est aux tambours de guerre. La Turquie a annoncé de nouvelles manœuvres militaires en Méditerranée orientale et l’extension de ses recherches dans une zone riche en hydrocarbures, faisant fi des appels européens à apaiser les tensions avec la Grèce.
La marine turque a annoncé que le navire sismique Oruç Reis, dont la mission devait prendre fin jeudi 27 août, effectuerait des recherches d’hydrocarbures dans une zone revendiquée par la Grèce jusqu’au 1er septembre.
C’est justement le déploiement de l’Oruç Reis et de son escorte militaire au sud de l’île grecque de Kastellorizo, le 10 août, qui a suscité l’ire d’Athènes et déclenché l’accroissement des tensions toujours en cours. Dans un signe de défiance, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a assuré que l’exploration gazière d’Ankara durerait «aussi longtemps que nécessaire».
La marine turque a aussi annoncé qu’elle procèderait à des «exercices de tir les 1er et 2 septembre au large d’Iskenderun, dans une zone située au nord-est de l’île de Chypre». Face à cette situation, «les manœuvres militaires rivales doivent cesser pour permettre le dialogue entre Athènes et Ankara», a indiqué le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.
«Les parties ne vont pas s’asseoir à la même table alors que des bâtiments de guerre se font face dans la région», a regretté le responsable lors d’une réunion des ministres européens tenue en fin de semaine dernière. Ankara exprime régulièrement son agacement au sujet de l’intervention des pays européens, en particulier de la France et des Etats-Unis dans son contentieux avec la Grèce.
C’est au sujet de la hausse des tensions que le président américain Donald Trump s’est entretenu au téléphone avec le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Ce dernier a affirmé qu’Athènes était prêt à une «désescalade significative à condition que la Turquie arrête immédiatement ses actions de provocation».
Signée en 1982, la Grèce a souvent utilisée la Convention internationale sur le droit de la mer en tant que levier de pression sur la Turquie. Le différend sur les frontières maritimes entre les deux pays est ancien. Il a pris une toute autre dimension avec la découverte d’immenses réserves de gaz naturel en Méditerranée orientale.
Un accord avec l’Egypte
Dans une indication que les tensions vont durer, le Parlement grec a ratifié la semaine dernière un accord bilatéral sur la délimitation des zones maritimes entre la Grèce et l’Egypte en Méditerranée orientale, qui suscite la colère de la Turquie.
Ce texte est en effet considéré comme une riposte à un accord turco-libyen signé fin 2019 autorisant Ankara à accéder à des eaux revendiquées par la Grèce. En vertu de ce traité, l’Egypte et la Grèce sont désormais autorisées à tirer chacune le maximum d’avantages des ressources disponibles dans la zone économique exclusive (ZEE), notamment des réserves de pétrole et de gaz. Un accord similaire entre Athènes et Rome avait été également ratifié mercredi dernier par le Parlement qui délimite les zones de pêche de la Grèce et de l’Italie et confirme le droit des îles grecques en mer Ionienne (ouest) d’avoir des zones maritimes d’exploitation.
F.Z. T. avec agences
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.