C’est un sujet qui soulève des polémiques et continue de diviser les scientifiques. Le recours à la chloroquine pour le traitement des patients atteints de la Covid-19 a été adopté au Maroc suite aux recommandations du Comité technique scientifique consultatif, depuis le 21 mars dernier. Ce choix thérapeutique exige un suivi rigoureux afin d’éviter les risques potentiels sur certaines catégories de malades.

D’où l’intérêt de la note du Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc sur cette question. Cette structure, relevant du ministère de la Santé, a mis l’accent sur une série de risques liés à l’administration de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine aux personnes atteintes de la Covid-19. Le choix de ce protocole thérapeutique «nécessite un suivi de pharmacovigilance particulier, accompagné d’un plan de gestion du risque, mis en place par le Centre anti-poison, afin d’assurer l’usage rationnel des médicaments et la sécurité des patients traités».
Ce document a rappelé le fait que «les profils de sécurité de ces médicaments, utilisés depuis 70 ans, sont bien établis». Ils ont montré, selon des études in vitro, une activité inhibitrice sur la réplication de nombreux virus. Néanmoins, ces médicaments sont «contre-indiqués chez les patients présentant une hypersensibilité à certaines molécules ou à l’amidon de blé».
Pareil pour les personnes présentant des maladies chroniques de l’oeil et les femmes allaitantes. L’association avec d’autres médicaments est également contre-indiquée, notamment avec le citalopram, l’escitalopram, la dompéridone ou tout autre traitement pouvant provoquer des torsades de pointe.
Le Centre anti-poison considère également qu’en raison du peu de données cliniques disponibles, il est déconseillé d’administrer ces médicaments durant la période de grossesse. Cette dernière recommandation est déjà prise en compte dans le protocole de première intention du ministère de la Santé, est-il indiqué. Les médecins peuvent y opter exceptionnellement si la situation clinique l’exige, suite à une évaluation par une équipe multidisciplinaire, et après consentement du couple, vu les risques potentiels sur la mère et le fœtus.
Au-delà des facteurs de risque chez certaines personnes, la note du Centre anti-poison précise que ces médicaments doivent être utilisés avec précaution chez les patients ayant une insuffisance hépatique et rénale, une épilepsie ou atteints de la maladie de Parkinson.
Le Centre anti-poison a également mis en avant une série d’effets indésirables liés au traitement à la chloroquine et hydroxychloroquine. Cela se traduit chez certains patients par des affections gastro-intestinales. Il s’agit notamment de nausées, vomissements, diarrhées, ulcérations buccales, douleurs abdominales et anorexie. Ces effets sont «fréquents, apparaissent au cours du traitement et ne nécessitent pas systématiquement son arrêt», est-il noté.
D’autres impacts ont été également identifiés, comme les affections cardiaques. Celles-ci se manifestent par des modifications de l’électrocardiogramme. Parmi les facteurs de risque, figurent l’âge (supérieur à 65 ans), les atteintes cardiaques ou encore les antécédents d’arythmie et de diabète.
Pour ce qui est des effets psychiatriques indésirables, la note du Centre anti-poison met l’accent sur des manifestations qualifiées de «banales et non exceptionnelles», comme l’insomnie, l’anxiété, l’excitation psychomotrice… «Ces médicaments, comme tous les antipaludéens de synthèse, peuvent aussi entraîner des troubles psychiatriques bien plus graves».
«Erreurs médicamenteuses»
Les risques liés au recours au protocole thérapeutique à base de chloroquine impliquent une série de précautions, selon le Centre anti-poison. Avant de démarrer le protocole, «un interrogatoire poussé doit être réalisé, afin d’identifier les antécédents médicaux, les prises médicamenteuses, les facteurs de risque et les contre-indications.
En cas d’apparition d’effets indésirables au cours du traitement, le rapport bénéfice/risque doit être réévalué, selon la nature et la gravité de l’effet observé». La note du Centre anti-poison contient un tableau détaillé, résumant les différentes conduites à tenir, validées par un comité d’experts. Ceci est d’autant plus important que ce centre a reçu des cas rapportant des situations d’erreurs médicamenteuses, notamment de dose ou d’intervalle de prise. D’autres cas sont liés au non- respect du schéma thérapeutique et d’interactions médicamenteuses.
«Ces erreurs peuvent entraîner des effets graves, liés aux surdosages des médicaments ou à des modifications pharmacocinétiques ou pharmacodynamiques. Sur ce point précis, le Centre anti-poison a attiré l’attention des professionnels sur ce type d’erreurs.
L’une des principales recommandations pour éviter ces scénarios consiste à «délivrer les médicaments de manière journalière, afin d’éviter les risques». Les professionnels sont également appelés à déclarer tous les événements indésirables observés, y compris les erreurs médicamenteuses asymptomatiques, au Centre marocain de pharmacovigilance, via une fiche de notification officielle.
M.A.M.
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