A moins d’une année des prochaines élections, l’un des principaux enjeux reste le taux de participation, particulièrement celui des jeunes. Surtout, après l’euphorie de 2011, avec le mouvement du 20 Février, les jeunes semblent de moins en moins intéressés par la politique.

Les partis n’ont pas réussi à capitaliser sur le regain d’intérêt des jeunes. Ils ont continué à reproduire le même schéma ayant conduit à la sclérose des jeunesses partisanes. Depuis, tout le monde aura constaté le désintérêt total des jeunes à la politique. Cela se voit dans le niveau anormalement bas du taux de participation des jeunes lors des élections. Et pour cause, à peine 1% des jeunes adhèrent à un parti politique, autant sont membres actifs d’un syndicat.
Le tableau s’assombrit avec seulement 4% qui participent aux rencontres d’une formation politique ou d’un syndicat et 4% aux manifestations sociales ou grèves. Pis, 9% contribuent aux activités de bénévolat. Cela en dit long sur le gap entre les jeunes et la politique. Avec un tel constat, remonter la pente ne sera pas facile.
Pourtant, le Souverain avait déjà attiré l’attention des partis sur la nécessité «d’attirer de nouvelles élites et d’inciter les jeunes à s’engager dans l’action politique, les générations d’aujourd’hui étant les mieux placées pour connaître les problèmes et les nécessités de leur époque». Les initiatives prises pour attirer les jeunes à adhérer aux formations n’ont pas inversé la tendance. Des partis, qui n’en avaient pas, se sont limités à mettre en place des organisations de jeunesse.
● Crise de confiance: Ce n’est pas le quota des compétences ou des jeunes au niveau des régions, des communes et des législatives, proposé dernièrement par les partis pour les prochaines échéances qui vont inciter les jeunes à s’impliquer dans la politique. Pour que les partis règlent la question de leur implication dans la politique, il est impératif d’introduire la démocratie interne pour dynamiser le renouvellement des élites. Mais lorsqu'ils s'aperçoivent que les formations politiques sont cadenassées par des états-majors qui ne sont pas prêts à céder une once de leur pouvoir, les jeunes finissent par s’en détourner.
● Incapacité à mobiliser: Les partis politiques ont oublié le volet formation au niveau des associations de jeunes, des étudiants,… autant de pépinières pour les initier à se lancer en politique. Après tout, les signataires du Manifeste pour l’indépendance étaient des jeunes du mouvement national. Par ailleurs, les jeunesses des partis enregistrent de graves dysfonctionnements. Elles sont devenues des structures de pression sur les états-majors pour obtenir des passe-droits, bénéficier de rentes, des emplois dans l’administration ou des postes dans les cabinets ministériels. Du coup, la structure de la jeunesse a été dénaturée.
● Neutralisation à produire de nouvelles idées
L’autre reproche adressé aux partis politiques porte sur la neutralisation de la volonté des jeunes à produire de nouvelles idées. L’observation de l’évolution des relations des organisations de jeunesse avec les états-majors des partis montre que de nombreux problèmes sont nés à la suite de l’instauration de ce quota. Quoiqu’il faut reconnaître que les partis politiques, conservateurs dans l’écrasante majorité, acceptent difficilement que des jeunes accèdent à des postes de responsabilité. Car cela se calcule au nombre d’années passées dans la formation politique. Du coup, ce sont toujours les plus anciens et donc plus vieux dans le parti qui demeurent prioritaires. Ce travers n’empêche pas certaines formations d'afficher des slogans: consacrer une part de 20% de jeunes dans les instances dirigeantes. Dans la réalité, les jeunes occupent des strapontins qui ne leur permettent pas de gravir rapidement les échelons pour s’imposer à la tête des appareils. D’ailleurs, la plupart des dirigeants politiques ont dépassé la soixantaine, affichant plus d’un mandat à la tête de leurs formations lorsque ce n’est pas plusieurs.
● Des pensions de retraite pour les jeunes: Les parlementaires, élus selon le quota des jeunes, ne reviennent plus à la Chambre des représentants. Dès qu’ils ne sont plus députés, ils commencent à toucher leurs pensions de retraite. Ils avaient droit à 5.000 DH par mois, à raison de 1.000 DH par année passée au Parlement. Aujourd’hui, le système est bloqué. La Caisse de retraite des parlementaires, logée à la CNRA, filiale de la CDG, a fait faillite. Surtout que la pension leur est servie dès la fin du mandat parlementaire sans attendre l’âge légal de départ à la retraite. Pour redémarrer ce système des retraites des députés, des chefs de groupes font le pressing pour faire adopter la proposition de loi. Celle-ci prévoit des modifications comme notamment l’âge du paiement de la pension, le montant des cotisations,…
Le fiasco du quota

Au lendemain du printemps arabe, les partis avaient décidé de consacrer 30 sièges à la Chambre des représentants, en plus des 60 de la liste nationale des femmes. L’idée d’insuffler du sang neuf et une nouvelle dynamique au Parlement, via l’arrivée de cette jeunesse, n’a pas donné les fruits escomptés. Ce système de quota, destiné à impliquer les jeunes, a biaisé le jeu politique. Dans la pratique, des jeunes, appuyés par des parents déjà dans l’état-major, ont cherché à intégrer les bureaux politiques des jeunesses des partis. L’objectif est d’avoir une chance de devenir député, à la faveur du quota. L’idée d’insuffler une régénérescence de l’élite politique est restée lettre morte. Quoique la première version de cette expérience a été en partie concluante. Des jeunes comme notamment Younès Sekkouri, Ali El Yazghiou ou encore Mehdi Mezouari, devenus parlementaires, avaient réussi à se greffer sur certains dossiers. Malheureusement, ils ne sont pas arrivés à revenir lors des élections suivantes, dans le cadre d’une circonscription locale. Ils ne pouvaient plus figurer une 2e fois sur la liste nationale.
Mohamed CHAOUI
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