Six milliards de DH pour sauver le pavillon national! La compagnie Royal Air Maroc bénéficiera d’un soutien financier de l’Etat de l’ordre de 6 milliards de DH, a annoncé le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun.

C’était lors de ses réponses, sur le projet de loi de finances rectificative, aux groupes parlementaires de la Chambre des représentants. Le montant prévu pour la RAM représente environ 37% d’un plan de relance de 16 milliards de DH. Un appui financier accordé aux entreprises publiques et établissements en difficulté (RAM, ONDA, ONMT...). Le nombre d’entreprises déclarées en difficulté dans le tourisme et l’aérien s’élève à plus de 15.500 unités, soit 89% des sociétés affiliées à la CNSS et déclarantes (à fin février 2020).
Mais attention, ce n’est pas encore gagné. Le déblocage des fonds d’aide sera soumis à des conditions. Une bonne partie de l’aide, soit 2,5 milliards de DH, sera sous forme de crédits garantis par l’Etat. Ce qui risque d’alourdir encore plus l’endettement de la compagnie.
Une chose est sûre, l’Etat a mis en place une série de prérequis et conditions. Parmi ces prérequis, l’obligation de RAM de réduire 30% de sa flotte et de procéder à un plan social. Autrement dit, la séparation de 30% des effectifs à travers un plan de départs volontaires.
«La restructuration de la RAM est une condition sine qua non pour pouvoir bénéficier du plan d’aide», explique un cadre proche du management. Ainsi, quelque 200 pilotes, 500 hôtesses et stewards ou encore une bonne partie du personnel au sol devront impérativement quitter le navire RAM. Au total, 1.500 salariés, y compris ceux des filiales (RAM Handling, Atlas Multiservices...), devront aussi quitter le groupe.
Le déblocage des fonds devra servir à préserver les emplois de la compagnie, soutenir et accélérer la phase de redémarrage ou encore poser les jalons d’une transformation du secteur du transport aérien. L’enjeu est de renforcer la résilience d’une activité mise à mal par le Covid-19.
Pour rappel, depuis mars dernier, le management de RAM avait estimé les pertes à plus de 50 millions de DH par jour. En mars et avril derniers, la compagnie nationale a essuyé des baisses de trafic respectives de 60% et 100%. Ce qui représente la pire crise de l’histoire de la compagnie depuis sa création, il y a 63 ans.
Mis à part quelques vols de rapatriements et de fret, la flotte de Royal Air Maroc (61 appareils) est restée plusieurs mois clouée au sol. En effet, après deux mois prometteurs début 2020 (janvier et février), l’ensemble des indicateurs d’activité a enregistré des baisses drastiques depuis mars dernier, période du tout début de la crise sanitaire et fermeture des frontières.
Le dispositif d’aide de l’Etat focalise essentiellement le maintien des emplois de la RAM. «C’est un prérequis à toute aide». Bien évidemment, l’enjeu est d’atténuer l’impact de la crise sur la trésorerie et la chaîne de valeur de l’entreprise. L’aide de l’Etat devra également permettre l’accélération du redémarrage de l’activité.
Ce qui passe par le rétablissement de la confiance auprès des voyageurs, la reconquête rapide des touristes et des marchés émetteurs ainsi que les passagers des vols domestiques. Le plan d’aide vise également la mise à niveau des actifs de la compagnie et de ses moyens de financement, le renforcement de la connectivité aérienne de la destination Maroc... Les prérequis portent également sur une révision des dispositifs de gouvernance et de pilotage de la compagnie.
Repères
• Montant global des aides aux entreprises publiques: 16 milliards de DH
• 6 milliards de DH pour RAM (soit 37%)
• 2,5 milliards sous forme de crédits garantis par l’Etat
• Prérequis:
- Réduction de 30% de la flotte
- Réduction de 30% du personnel (soit 1.500 salariés).
Vols spéciaux
Dès aujourd’hui 15 juillet, Royal Air Maroc reprend ses vols à l’international. Mais il s’agit là plutôt d’une opération spéciale sur une durée limitée de 1 mois et demi. En moyenne, le trafic de ces vols spéciaux devra représenter 9 vols quotidiens pendant 40 jours contre une moyenne de 160 vols/jour en période normale. Soit à peine 5,5% du trafic de la compagnie en temps normal.
Amin RBOUB
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