Sans ses halqas, Jamaâ El fna, (place mythique de Marrakech et produit phare pour la cité ocre) ne saurait être. Au début de la pandémie, ces acteurs ont été oubliés par la ville, mais la société civile a pris le relais dans un élan de solidarité.

Aujourd’hui, les ONG appellent à identifier un après-Covid pour la place. Inscrite comme patrimoine culturel immatériel depuis 2008 et au patrimoine mondial depuis 1985 par l’Unesco, la place fait vivre un nombre important de citoyens qui y exercent des activités diverses et surtout font survivre un patrimoine de plus en plus rare. Face à cette situation exceptionnelle due au Covid, la vie culturelle, artistique et patrimoniale subissent une épreuve difficile et pénible.
La pandémie du Covid a juste dénudé la précarité des artistes
Quel sera son avenir? Trois mois après la suspension de l’activité de la halqa, il n’y a toujours pas de réflexion lancée par les élus et les autorités. «Pourquoi est-il si difficile d’imaginer et assumer des mesures sanitaires pour permettre à la place de reprendre ses activités alors qu’il existe de l’espace. La Halqa pourrait être agrandie et s’étendre sur Arset El Bilk, l’espace de la Koutoubia…», suggère Dr Jamal Eddine Ahmadi, membre du Centre de développement de la région de Tensift (CDRT) et acteur social de la ville de Marrakech.
L’un des problèmes majeurs des artistes de Jamaâ El fna est un revenu fixe. Au lendemain du confinement, ces artistes priés de regagner leurs pénates, Covid-19 oblige (voir notre édition n° 5741 du 15 avril 2020) avaient lancé un appel d’aide qui a été entendu et plusieurs associations ont envoyé des denrées alimentaires aux 350 hlaiqias. Malheureusement, la pandémie du Covid a juste dénudé la précarité de ces artistes et remis à la surface le problème de ce patrimoine, délaissé par les politiques locales.
«Pourquoi ne pas confier à chaque Halqa un kiosque commercial qui rapportera un revenu fixe aux membres de la troupe et leur permettra de vivre dignement». Une attention particulière et urgente doit être portée à la préservation et la relève de ce patrimoine, notamment chez les conteurs.
80% de cette population a aujourd’hui plus de 70 ans et pour des raisons principalement financières et de statut, ces métiers sont de moins en moins attractifs auprès des jeunes. «Il y a péril en la demeure, car l’authenticité de la place risque de disparaître». Autres acteurs délaissés, les bouquinistes.
Arrachés il y a plusieurs années de cela de leur environnement historique, la Koutoubia et déplacés à Bab Doukkala, ils viennent de subir une perte colossale après le déclenchement d’un incendie dans sept kiosques insalubres. Encore une fois, c’est la société civile qui a décidé d’intervenir. Des comédiens ont lancé une initiative sur les réseaux sociaux, pour collecter des livres usagés et rééquiper les locaux.
De notre correspondante permanente, Badra BERRISSOULE
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