
Malgré le confinement, l’aménagement du boulevard Mohammed V se poursuit. Certes, le chantier n’est pas livré à 100%, mais sa voirie est d’ores et déjà ouverte aux automobilistes. Il s’agit d’un axe central qui permet de décongestionner la circulation pendant les heures de pointe.
Pour rappel, les travaux de mise à niveau de ce boulevard emblématique de la Ville Nouvelle avaient été lancés en août 2019. Initié par la wilaya, ce projet concerne la réfection des voieries et trottoirs, l’amélioration de l’éclairage public, l’embellissement urbain, ainsi que l’aménagement d’espaces verts.
Pour ses initiateurs, ce chantier nécessitera 28 millions de DH et 12 mois de travaux intenses. Il vise l’amélioration du paysage urbain du plus ancien boulevard de la ville, lequel compte la place du commerce, la Renaissance, le Bijou… et autres bâtiments qui ont plus d’un siècle d’histoire.
A ce titre, plusieurs observateurs s’interrogent sur l’avenir de ces «monuments». Pour eux, «il y a des constructions anciennes qui devraient être restaurées pour inspirer les architectes et urbanistes contemporains». Parmi ces bâtiments, il y a celui du Bijou-Palace qui est le cinéma des années trente à Fès.
Central par sa position, ce cinéma est dans un état de délabrement avancé. Pourtant, il témoigne d’une grande histoire. Sa tourelle d’angle faisait de lui un point de repère nocturne commode pour les fassis des années 1930. «A ce moment, le cinéma est encore quelque chose de récent auquel le public ne s’est pas tout à fait habitué et qui garde en lui une part importante de magie, en même temps qu’un événement social où tous se retrouvent avec plaisir », lit-on dans le livre «Ciné Fès».
Et c’est justement ce plaisir renouvelé que certains habitants souhaiteraient retrouver à l’issue de la réhabilitation des bâtiments anciens de la Ville Nouvelle. «Certes, nous déplorons le déracinement des ficus du boulevard Mohammed V, mais nous espérons que celui-ci puisse retrouver son charme grâce à une plantation d’arbres et une cure de jouvence pour ses constructions», disent-ils

Notons que le boulevard Mohammed V fait partie de la Ville Nouvelle de Fès, fondée en septembre 1916. Connue également sous le nom de «Dar Dbibagh», du nom de la casbah constituant la première construction sur le site, elle émane de la volonté du résident général Hubert Lyautey qui chargea l’urbaniste Henri Prost d’en dessiner le plan.
En cohabitant avec la médina, le développement de la Ville Nouvelle a créé une bipolarisation urbaine avec des identités bien distinctes. De par son urbanisme conçu pour un mode de déplacement nouveau (l’automobile, le train…), et par son architecture mélangeant le style européen et le style traditionnel marocain, la Ville Nouvelle s’est forgée une image originale. De nombreux bâtiments datant de l’époque du protectorat témoignent encore de la créativité architecturale de cette période.
De notre correspondant permanent, Youness SAAD ALAMI
Chère lectrice, cher lecteur,
L'article auquel vous tentez d'accéder est réservé à la communauté des grands lecteurs de L'Economiste. Nous vous invitons à vous connecter à l'aide de vos identifiants pour le consulter.
Si vous n'avez pas encore de compte, vous pouvez souscrire à L'Abonnement afin d'accéder à l'intégralité de notre contenu et de profiter de nombreux autres avantages.