«2020 sera probablement déclarée année blanche avec tous les dégâts collatéraux occasionnés et les conséquences lourdes au niveau de la trésorerie et des emplois», soutient le patronat des voyagistes et réceptifs du MICE (le DMC Club). En effet, les dirigeants des grandes agences de voyages montent au créneau.
Ils se préparent «au pire scénario» puisqu’il faut faire face «à la plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale». Les professionnels ne se font pas d’illusions, ils sont convaincus que la crise actuelle ne pourra être résolue avec le déconfinement. Car la reprise sera plus difficile que la crise actuelle. En effet, la demande du marché mondial prendra plusieurs mois, voire des années avant de revenir à la situation normale.
En attendant, «il faudra énormément de temps avant de se remettre à nouveau à flot et penser voyage vers d’autres cieux et d’autres lieux», soutient un membre du collectif des voyagistes. Compte tenu des incertitudes sur le timing de sortie de la crise sanitaire et sur l’évolution des comportements d’achat… la rareté de la demande se traduira par une faible reprise de la consommation, soutiennent les voyagistes.
Même si le scénario d’un aggiornamento social et fiscal semble inévitable, «il ne pourra suffire si la crise venait à s’installer dans la durée», résument les réceptifs. Selon les estimations de la Confédération nationale du tourisme (CNT), «le secteur est confronté à une crise sans précédent, une situation qui frôle la catastrophe… Les projections sont alarmantes avec des pertes estimées, rien que pour 2020, à plus de 11,6 millions de nuitées».
Si rien n’est fait, le risque serait une destruction du tissu économique avec l’incapacité à recréer la chaîne de valeur d’un secteur vital pour l’emploi et l’économie... Les pertes en devises pourraient atteindre 138 milliards de DH, estime la CNT. Il va sans dire, l’heure est grave pour l’ensemble de l’écosystème du tourisme.
Dans ce même contexte, des opérateurs déplorent le manque de réactivité des pouvoirs publics ou encore des actions disparates et improvisées tant chez les institutions privées que celles publiques. Face à cette situation inédite, les voyagistes ont préparé un dispositif pour mieux se préparer à 2021 et 2022. Ils proposent aux pouvoirs publics et professionnels de construire ensemble «un contrat-programme» afin d’enclencher une dynamique à l’horizon 2021-2025.
Un «plan d’actions sérieux et crédible» avec la mobilisation d’une «Task Force». Selon une étude des réceptifs, il va falloir mettre en place «une nouvelle stratégie de promotion et de commercialisation de la destination Maroc». Sur ce registre, l’ONMT est directement concerné.
L’idée est de «repenser la stratégie de promotion et de commercialisation de l’Office mais en concertation avec les agences de voyages et ce, aussi bien pour la relance et le développement du tourisme national que pour la reprise de la demande internationale de la destination Maroc».
Sur le volet promotion et marketing, les voyagistes recommandent des efforts plus rigoureux en termes de veille «précise». Un dispositif d’intelligence économique avec la production «d’informations régulières et percutantes» pouvant servir de base aux opérateurs sur le terrain.
L’enjeu est de coller au mieux aux évolutions du marché et surtout aux attentes des TO, onliners, professionnels du MICE. La veille concurrentielle devra également permettre d’affiner la culture du pricing et les actions ciblées de co-marketing avec des budgets bien étudiés. Evidemment, les destinations les plus compétitives seront celles qui auront établi une stratégie sanitaire et sécuritaire efficiente et rassurante. Extraits des recommandations des voyagistes.
MTM: Le patronat des réceptifs
Présidé par Az-Eddine Skalli, le MTM DMC Club est un collectif de voyagistes-réceptifs qui se mobilisent en force de propositions. Le Moroccan Travel Management est une association qui regroupe plus d’une vingtaine de grandes agences réceptives. Une sorte de patronat concentré représentant les entreprises les plus structurées. Le MTM a pour mission de promouvoir les intérêts des agences et surtout faire valoir «le rôle prépondérant joué par le réceptif en particulier et l’agent de voyages en général dans la chaîne de valeur du secteur». Selon le président Az-Eddine Skalli, «l’activité des réceptifs est la pierre angulaire du secteur. Nous ne sommes pas de simples intermédiaires, mais plutôt des entreprises créatrices de valeur».
A.R.
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