
Ce n’est qu’en subissant de fortes pressions que le pouvoir politique se révèle sous sa vraie condition. Ces tensions agissent comme «un crash test», selon les mots de Ali Bouabid, qui participait samedi dernier à la e-conférence de HEM Business School, autour du «jour d’après» Covid-19.
Les crises ont également le mérite de mettre en évidence le contraste entre la logique des temps ordinaires et celle de l’urgence. «L’enjeu est de savoir ce que les moments extraordinaires ont à nous apprendre pour la conduite de l’action politique en temps normal», insiste le consultant en gouvernance institutionnelle.
Et justement, durant cette pandémie, le «yes we can» n’a jamais été aussi vrai. Pour quelle raison? Il faudra donc, à travers une évaluation, tirer les leçons de cette situation inédite, pour «apprendre à gouverner le Maroc autrement».
La riposte marocaine à la pandémie comporte des «motifs de réconfort», selon Bouabid. L’Etat a su apprécier la gravité des enjeux et prendre des mesures urgentes. Il a également su «mener la politique de ses moyens», en évitant de mettre à l’épreuve un système de santé défaillant, et pu prévenir un effondrement total de l’économie.
Ceci a permis de dissiper le climat de méfiance générale qui prévaut depuis des années, et de céder la place à une atmosphère d’unité nationale. Une unité qui découle aussi de la «figure symbolique et politique de SM le Roi, se positionnant au premier plan pour répondre à la demande d’autorité qu’exige la situation», pense Ali Bouabid.
«Par un acte d’autorité verticale, dicté par les circonstances, le Roi a réussi à décréter la mobilisation générale, mais aussi à irradier l’ensemble du corps social pour fabriquer, de manière à la fois extraordinaire et paradoxale, une unité nationale et une efficacité dans l’action», poursuit-il.
L’unité s’est, en effet, paradoxalement opérée dans l’individualité, puisque c’est le civisme de tout un chacun qui a été interpelé pour juguler la pandémie. «Ce qui a prévalu, c’est l’appartenance à la nation», souligne le consultant en gouvernance institutionnelle. Un sentiment à valoriser, et surtout, à pérenniser, voire à convertir en «contrat social» favorisant une «adhésion positive».
Cela dit, l’urgence de la circonstance ne devrait pas occulter les règles à respecter par un «Etat de droit», fonctionnant avec des instances démocratiques, et se prêtant à la délibération et à la reddition des comptes.
A.Na
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