Le tissu économique de Casa-Settat subit une situation de vulnérabilité sans précédent. A l’exception du commerce alimentaire, l’ensemble des secteurs serait confronté à l’enjeu de la survie à court terme, et à la bataille de pérennisation à moyen terme.

La région dispose du tissu économique et industriel le plus dense, localisé en grande partie à Casablanca qui accueille de grosses industries (cimenterie, raffinage de sucre, production d’électricité, sidérurgie, agroalimentaire…), en plus de nombreuses zones et plateformes industrielles Intégrées (P2I).
Pour mesurer l’impact de l’épidémie, la Chambre de Commerce, d’Industrie et de Services de Casablanca-Settat (CCISCS) s’est rapprochée des professionnels représentant le tissu économique local, afin de remonter la réalité du terrain et les recommandations des professionnels de chaque secteur. Dans un rapport, qui vient d’être édité, la CCIS recueille les principales propositions pour une sortie de crise.
A la tête de ce propositions, figurent la prorogation jusqu’à la fin de l’année du moratoire sur le remboursement des échéances de crédit ainsi que l’octroi de prêts sans intérêt ou avec un taux très faible, pour pouvoir payer les fournisseurs. Les professionnels demandent également une révision des taux d’intérêt actuels des crédits Damane Oxygène (fixé à 4%) et appellent à mettre en place des mécanismes capables d’assurer un niveau minimum de demande intérieure et de sauvegarder le pouvoir d’achat.
Il faudra en outre, toujours selon les professionnels de la région, instaurer des mécanismes de refinancement au profit des commerçants pour sauvegarder les chances de reprise d’activité, les protéger de l’asphyxie financière, honorer les divers engagements et surtout maintenir les emplois. Et bien évidemment les opérateurs économiques appellent à une accélération du règlement des créances par les administrations et établissements publics. Voici l’impact de la crise Covid-19, secteur par secteur, selon le rapport de la CCIS.
■ Services: Le secteur le plus touché
A l’exception des banques et telecoms, les activités de services sont confrontées à une véritable récession dans la région Casa-Settat, mais les séquelles varient d’une branche à l’autre. Dans le tourisme, la situation est pour le moins alarmante. La majorité des activités de services sont à l’arrêt (hôtels, restaurants, cafés, loisirs, cinémas, salles de sport, hammams…). Les projections sont catastrophiques avec une perte estimée, rien que pour 2020, de plus de 11,6 millions de nuitées au niveau national, selon les estimations de la confédération nationale du tourisme (CNT). Pour sa part, le transport aérien souffre des mesures de précaution appliquées et de la baisse de la demande. En plus des emplois menacés, les transports routier et ferroviaire n’échappent pas à la crise avec l’interdiction, dans l’ensemble du pays, de la circulation des véhicules de transport de voyageurs depuis le 24 mars. Pour atténuer l’impact, les professionnels du tourisme suggèrent, entre autres, la réduction du taux de la TVA à 5% sur les activités hôtelières pour faciliter la reprise et la baisse des taxes locales et communales.
■ Commerce non alimentaire: Stagnation à l’exception des GMS
L’état d’urgence sanitaire a eu un impact sur le cycle de distribution et le niveau de l’offre. Résultat: une quasi-stagnation des activités commerciales à l’exception des GMS (Grandes et moyennes surfaces) et du commerce de proximité. Le chiffre d’affaires de la franchise, à titre d’exemple, a chuté de près de 90%, voire l’arrêt total de toute activité pour certaines franchises, ce qui menace sérieusement de nombreuses enseignes et pourrait aboutir à une fermeture définitive des structures les plus fragiles. Les professionnels soulignent la nécessité de sauvegarder le réseau commercial et les créances entre communautés d’affaires respectives, entre créanciers et débiteurs, importateurs et utilisateurs finaux et ce, jusqu’à ce que les transactions économiques reviennent à leur cours normal.
■ Immobilier et BTP: Chute de la demande de 18%
Le secteur de la pierre n’est pas mieux loti. La crise sanitaire a bouleversé le marché de l’immobilier, véritable vivier d’emplois au Maroc (1,1 million d’emplois). Avec le confinement, les transactions ont été du jour au lendemain mises en suspens. La situation du secteur est plus que préoccupante. De très nombreux chantiers de construction ont été également interrompus. A l’heure actuelle, la quasi-totalité de l’activité est à l’arrêt, aussi bien au niveau de la production que de la commercialisation. Ce qui aura des conséquences néfastes sur l’emploi, sur la trésorerie des opérateurs et l’exposition à un risque systémique du secteur qui représente environ 63 milliards de DH annuellement. Il a également été constaté que la demande chute de 18% pour les appartements et de 10% pour les villas. Quant à l’évolution des prix dans les principales villes du Maroc, l’on remarque une grande stabilité au niveau de Casablanca par rapport aux autres villes. Après confinement et la reprise des travaux, il est difficile de prédire si les prix de l’immobilier subiront une hausse ou une baisse, estiment les professionnels. La correction des prix dépendra, selon eux, des modalités de sortie de la crise sanitaire.
Industrie: Ralentissement au cas par cas
LE secteur industriel est parmi ceux touchés de plein fouet, par la crise sanitaire. Mais le ralentissement industriel est variable. La province de Settat est ainsi la plus concernée (90%), suivie par Mohammedia (60%) et le Grand Casablanca (40%).
Parmi les contraintes soulevées par les professionnels du secteur, figurent la réduction de la capacité de production et du nombre de travailleurs, l’augmentation des coûts supplémentaires de transport, le ralentissement des chaînes d’approvisionnement et les prix élevés des matières premières.
C’est le cas notamment pour le secteur du textile qui est frappé par une baisse des commandes de l’UE (notamment en provenance de l’Espagne et de l’Italie). La situation est similaire dans l’agroalimentaire qui est impacté par une baisse de la demande des clients (commerce de gros, à savoir Korea, garage Allal et Derb Omar).
S’y ajoutent la perturbation de l’approvisionnement en ingrédients et additifs importés de l’étranger, l’annulation des commandes... Pour pouvoir faire face à ces chamboulements, les industriels recommandent de faciliter réellement l’accès aux emprunts à des taux d’intérêt réduits ne dépassant pas le taux directeur de 2% et ce, au moins pour le 2e semestre 2020.
Aziza EL AFFAS
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