Comme tous les autres métiers du tourisme, celui des guides est touché de plein fouet par l’impact de la crise due au coronavirus. Ils n’ont plus vécu cette situation depuis les années 1990. Au lendemain de la guerre du Golfe, ces premiers ambassadeurs dont le travail était d’accompagner les touristes et de leur montrer les merveilles de Marrakech se sont retrouvés sur la paille.

A l’époque, ils avaient fini par vendre leurs meubles à la criée et se reconvertir en porteurs pour pouvoir subvenir à leurs besoins, se souvient Jamal Abdelatif Saadi, vice président de l’association provinciale et ex président de la fédération nationale des guides. «Et cette fois-ci, on n’en est pas très loin», indique-t-il.
Ces travailleurs de l’industrie touristique sont aussi des oubliés, d’autant plus que la plupart d’entre eux n’ont pas le droit à des indemnités, puisqu’ils travaillent en indépendants. Ils n’ont pas non plus droit à des facilités de caisse et des crédits de banque, indiquent-ils. «Notre fédération s’est rapprochée du ministère du tourisme et de la CNT pour connaître les dispositifs prévus pour notre profession, mais il n’y a eu aucune suite», souligne Saadi.
Marrakech compte un millier de guides et la situation est donc différente selon le statut de chacun. Seule une centaine d’entre eux était salariée d’agences et a dû normalement profiter des indemnités de la CNSS. Près de 300 guides de la cité ocre sont aujourd’hui dans la misère. Ce sont des accompagnateurs locaux qui travaillaient «à la tâche et au jour le jour», devant les monuments touristiques.
Et c’est pour eux qu’une caisse de solidarité a été créée par une alliance des guides pour les aider financièrement et leur offrir des paniers de denrées alimentaires. «Nous avons une autre catégorie de guides qui peuvent tenir encore pour quelques mois, mais sans plus», indique Saadi. Un guide moyen arrivait à atteindre un revenu annuel situé entre 40 et 60.000 DH, indique Saadi.
Il faut savoir que les guides ne vivent pas uniquement du prix de la visite pour un groupe, mais plutôt des ventes d’excursions et surtout des commissions versées par les bazaristes lorsqu’il y a des achats effectués par les touristes lors des shoppings. Celles-ci sont partagées entre plusieurs parties (chauffeur et autre).
A noter que ces commissions sont d’usage dans le secteur du tourisme. Les agences de voyages, les TO quant à eux perçoivent un droit de passage annuel. En attendant des jours meilleurs, les guides essayent de rester résilients et sont en train de mener des réflexions pour le post coronavirus et le futur de leur profession.
Badra BERRISSOULE
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