Parmi ceux qui luttent contre vents et marées pour passer au travers de la crise du coronavirus, figurent les commissionnaires de transport. De par leur fonction, ces prestataires sont sur plusieurs fronts. Ils interviennent depuis l’usine jusqu’à la livraison à l’international, en passant par le stockage, l’approvisionnement des clients, l’organisation de la logistique et le transit.
Mais, «depuis l’arrêt des liaisons aériennes ceux qui opèrent au niveau du transport routier international pour l’industrie du textile, l’automobile, l’aéronautique, ont vu leur activité plonger entre 60 et 75%. Les sociétés spécialisées dans le fret maritime depuis la Chine sont tout simplement paralysées», explique Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM).
Étranglés, ces professionnels doivent composer avec les charges représentées par les magasins sous douane avec leur personnel, sans oublier les sous-traitants. «Malgré le contexte de crise, nous gardons tout le monde et nous payons tout le monde. Mais aujourd’hui, l’activité commence à devenir sinistrée, surtout que nous n’avons aucune visibilité», affirme un commissionnaire.
Pour certaines multinationales implantées au Maroc, l’effort doit être redoublé puisqu’elles doivent même supporter les filiales en Afrique subsaharienne, «où, pour le moment, aucune aide n’est prévue par les gouvernements».
Pour l’opérateur, la réouverture de la ligne par Royal Air Maroc avec Bruxelles, fermée le 16 mars, constitue une fenêtre de tir à partir de laquelle il sera possible de toucher d’autres destinations. Mais «ce sera bien évidemment trop timide par rapport à l’activité d’avant la crise parce que pour optimiser ces connexions aériennes, il faudrait que les usines rouvrent, notamment celles opérant dans l’automobile, l’aéronautique, le textile…».
En matière de transport routier, la massification des flux permet aux commissionnaires d’optimiser le fret. Une chose qui n’est plus possible puisque la majorité des exportateurs sont à l’arrêt. Ce qui se traduit par une baisse de productivité chez les commissionnaires puisque les remorques quittent le Maroc «à moitié vide. Aujourd’hui, 40 à 50% du trafic de remorques sont effectués à perte».
Cependant, les quatre opérateurs interrogés font un point d’honneur de maintenir ces lignes ouvertes «pour permettre au Maroc de s’approvisionner en produits de toutes natures et continuer à travailler avec les rares clients qui restent encore ouverts et qui exportent dans l’aéronautique, le textile professionnel et d’autres produits de textile…».
Depuis que le coronavirus a été déclaré pandémie par l’OMS, le gouvernement a pris des mesures pour aider les entreprises à traverser cette phase sans trop de dégâts. Parmi elles, figurent le report des échéances fiscales, la suspension du paiement des cotisations sociales, des mensualités bancaires, le déblocage d’une ligne de financement des charges courantes liées à l’exploitation… Certains secteurs pourraient considérer être exclus de ces mesures d’appui.
«Les mesures prises par le gouvernement pour soutenir les entreprises et préparer la sortie de crise sont positives. Mais il devrait considérer le transport et la logistique comme étant des secteurs en difficulté. Ce qui nous permettrait de bénéficier de certains dispositifs d’appui tels que le report du paiement des échéances fiscales.
Le découvert exceptionnel de 5 millions de DH reste insuffisant même pour les petits organisateurs de transport. En effet, nous devons faire face à beaucoup de débours qui ne sont remboursés par les clients que plusieurs mois plus tard», suggère un opérateur.
Les commissionnaires sont au nombre de 360 sociétés opérant à l’international. Chaque entreprise emploie 10 à 300 salariés à plein temps, mais les emplois indirects sont plus nombreux. Beaucoup d’entre ces PME ont basculé au télétravail afin de prévenir la propagation du coronavirus.
Pas d’impact de la chute du cours du pétrole
La pandémie du coronavirus a eu pour conséquence, la chute inédite des cours du baril de pétrole, sans pour autant avoir un impact positif pour toutes les activités. «Pour une fois que le prix des carburants a enregistré une forte baisse, elle ne profite pas à notre activité puisqu’il n’y a pas d’activité. Par ailleurs, le prix des prestations, dont le transport maritime, n’a pas baissé. Il risque même d’augmenter puisque les compagnies maritimes ont même supprimé quelques départs faute de clients», affirme Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM). A cela s’ajoutent les difficultés pour expédier une remorque du fait que beaucoup de chauffeurs refusent depuis quelque temps à partir en Europe. «Ce qui se traduit par un léger ajustement des tarifs car il faut compter une prime de risque pour les chauffeurs», souligne un commissionnaire.
Hassan EL ARIF
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