La question est, pour l’heure, mise de côté. Ni parents ni écoles n’évoquent le règlement des frais de scolarité pour les mois de mars et avril, sur lesquels s’étale la durée du confinement. «Même si les écoles sont préoccupées par leur trésorerie, elles se concentrent sur l’urgence de gérer les cours à distance convenablement. C’est pour le moment notre priorité», relève Moulay Ahmed Lamrani, vice-président de l’Ittihad de l’enseignement et de la formation privés.
Pour l’instant, personne n’ose évoquer le sujet, même si parmi les petites écoles, beaucoup s’attendent à une tempête financière. «Notre école ne nous a jamais contactés pour le règlement des frais. Le corps enseignant fait un travail formidable et reste joignable jusqu’à des heures tardives le soir», témoigne un parent d’élève.
«Concernant d’éventuelles facilités, à mon avis tout dépendra de l’évolution de la situation. Si nous avons la possibilité de payer, il faut le faire. Sinon, un geste de la part de l’école serait le bienvenu. Mais ce qui est important, c’est qu’il n’y ait pas d’abus des deux côtés, en essayant de profiter de la situation», poursuit-il.

Chez les parents, l’inquiétude commence à monter, puisque des milliers ne sont plus sûrs de la stabilité de leur situation professionnelle. «Parmi les grands groupes scolaires, certains pensent même à ne pas demander de paiement durant toute cette période. Nous accueillons en grande partie des enfants issus de la classe moyenne, dont les familles pourraient être sérieusement impactées par la crise», confie Lamrani.
Néanmoins, tous les établissements n’ont pas la chance de compter sur une trésorerie solide. «Le souci des écoles privées en ce moment est de payer leurs employés, enseignants et administratifs, en prenant pour hypothèse que cette crise durera jusqu’a la fin de l’année scolaire. Si tous les parents décident de ne pas payer, non seulement les écoles ne pourront pas continuer à offrir un enseignement à distance, elles devront mettre la clé sous la porte», souligne un directeur d’école à Casablanca. Certaines sont d’ores et déjà en difficulté.
Les dépôts de demandes d’indemnisation pour arrêt temporaire de travail des salariés du secteur, auprès de la CNSS, permettra d’apprécier la gravité de la situation.
En parallèle, les écoles continuent leur campagne de dons pour le fonds spécial pour la gestion de la pandémie du Covid-19, chacune selon ses moyens. Elles ambitionnent d’atteindre 10 millions de DH. Jusqu’à jeudi dernier, en fin de journée, presque 6 millions de DH avaient été récoltés auprès de 111 établissements de plusieurs villes.
Mission laïque française
Les frais maintenus, diminués des services non rendus

Parmi les parents d’élèves de l’enseignement français au Maroc aussi, l’inquiétude est palpable. «La continuité pédagogique exige que tous les professeurs travaillent, et l’enseignement à distance leur demande beaucoup d’efforts, c’est un autre métier. Les établissements tournent comme d’habitude, même si c’est à distance», relève le DG de la mission laïque française (Osui), Jean-Christophe Deberre.
«Donc, les frais de scolarité seront diminués des seuls éléments constituant des services qui ne sont plus rendus: le restaurant scolaire, les transports scolaires, les activités péri-éducatives, les sorties pédagogiques et classes vertes...», poursuit-il. Cependant, le réseau pourrait offrir des facilités au cas par cas.
«Bien entendu, et autant que d’habitude, les chefs d’établissement savent qu’ils doivent porter toute leur attention sur les situations familiales les plus vulnérables, pour éviter une déscolarisation. Ils sont disponibles pour étudier tout cas critique», précise Deberre.
Dans le réseau de l’Agence publique, AEFE, les parents ont déjà adressé des courriers aux ministres français de l’Education nationale et de l’Europe et Affaires étrangères, réclamant des mesures urgentes, pour éviter des déscolarisations à la prochaine rentrée. Dans une lettre datée du 25 mars, la Fédération des associations des parents d’élèves des établissements de l’enseignement français à l’étranger (FAPEE) propose plusieurs actions.
Parmi elles, le versement d’une aide urgente à l’AEFE, permettant aux établissements de proposer des aménagements financiers aux parents, l’augmentation de l’enveloppe dédiée aux bourses, le report des cotisations sociales et patronales de l’agence, et enfin, reporter le plan de développement pour concentrer toutes les ressources sur un plan de sortie de crise.
Ahlam NAZIH
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