
L’association Insaf diffuse actuellement un spot choc pour dissuader les employeurs de petites bonnes. Un document noir et violent rappelant notamment le caractère illégal mais surtout immoral de ces pratiques (Ph. Insaf)
Faire cesser le travail des petites bonnes sous nos latitudes et sensibiliser sur les risques encourus à poursuivre de telles pratiques. C’est dans cet esprit que l’association Insaf vient de lancer un spot diffusé sur les réseaux sociaux, en partenariat avec l’agence de communication 109. Un film noir et percutant réalisé pour changer le comportement de ces employeurs d’enfants esclaves.
Le film, d’une durée d’un peu plus d’une minute, met en scène l’arrestation d’une femme et d’un homme en fuite sur la voie publique. Plaqués violemment contre une vitre et le capot d’une voiture avant d’avoir les mains attachées, ils sont mis hors d’état de nuire par leurs propres victimes.
Des jeunes filles exploitées et réduites à effectuer quotidiennement des tâches domestiques dégradantes. Une œuvre au ton grave, au rythme rapide et aux images chocs qui transmet aussi bien la souffrance et la peine des petites bonnes que la peur de leurs bourreaux.
Un spot conçu et diffusé pour informer les ménages concernés des peines auxquelles ils s’exposent en imposant le travail forcé à des enfants. «L’article 23 de la loi 19-12, promulguée il y a près d’un an, punit une personne exploitant une petite bonne de moins de 16 ans à 25.000 DH d’amende. En cas de récidive, ce montant peut facilement être doublé et l’employeur risque entre 1 et 3 mois de prison ferme!» confie avec insistance la présidente d’Insaf, Meriem Othmani.
«D’autant plus que, même si les enfants esclaves sont moins visibles qu’autrefois, je demeure intimement persuadé de leur présence au sein de bon nombre de familles», souligne la responsable. Autre but visé par ce document visuel, changer le regard de la société à l’égard de ces jeunes filles exploitées, dont la détention les prive de leur famille - mais également de scolarité et d’éducation - tout en les faisant souffrir. «Enfermées dans les maisons à la merci des employeurs, les petites bonnes ne vont pas à l’école», détaille la présidente de l’association.
Depuis 2002, Insaf a pu«sauver «in extremis» près de 550 enfants esclaves d’une vie ne garantissant ni dignité, ni avenir. L’association prend actuellement en charge près de 202 jeunes filles. Parmi ces dernières, plus d’une cinquantaine ont notamment été placées dans des foyers d’hébergement, dont Dar Insaf dans la province d’El Haouz.
Mais la structure concentre également ses efforts dans le pilier éducatif. Ainsi, grâce aux efforts de l’association, pas moins de 126 petites bonnes ont pu avoir accès à un cycle collégial secondaire et 25 ont été orientées vers des programmes de formation professionnelle – notamment dans le domaine agricole. Des filles sorties de l’ombre qui se préparent à développer plusieurs projets particulièrement prometteurs, dont notamment une coopérative de safran dans la localité d’Ait Ayoub.
Karim AGOUMI
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