
Sur les trois dernières campagnes, la recette du producteur s’est inscrite sur un trend baissier alors que les volumes augmentent. Du coup, les producteurs se disent lourdement endettés et dans l’incapacité de subvenir aux besoins de financement de l’actuelle campagne d’exportation
La filière agrumicole broie du noir. A la veille du lancement de la nouvelle campagne d’exportation, les opérateurs se disent «sinistrés et dans l’incapacité de subvenir aux besoins de financement des expéditions sur les marchés extérieurs». La crise a pratiquement monopolisé les débats de la dernière assemblée générale de la Fédération interprofessionnelle marocaine des agrumes (Maroc Citrus) tenue le 10 octobre à Casablanca.
Et pour cause! Le secteur aurait subi d’énormes pertes évaluées à 2 milliards de DH pour la seule campagne 2018-2019. Des pertes qui résultent du recul des recettes à l’export, de la destruction des marchandises (faute d’acheteurs) et de l’abandon des fruits sur arbres. L’attention du ministère de l’Agriculture ayant été attirée dès le mois de janvier 2019. Lequel s’est montré compréhensible vis- à-vis de la situation et des propositions émises par les opérateurs.
Selon Maroc Citrus, une convention portant sur le «plan de sauvetage de la filière» a même été signée en juillet dernier. Mais il restait l’aval du ministère des Finances qui tarde jusque-là.
Pour l’interprofession, la situation est la conjugaison de plusieurs facteurs. A commencer par une production exceptionnelle d’agrumes au niveau de tout le bassin méditerranéen, un retard de maturité de 4 à 5 semaines et des difficultés d’écoulement tant à l’export que sur le marché local. Du coup, un effondrement des prix et l’abandon d’une part importante de la production. Ce qui a impacté la récolte suivante.
Les professionnels estiment cette année la dégringolade de production à 50%, voire 80% dans certains bassins de petits fruits. Ce sont ces variétés qui constituent l’essentiel de l’export. Pour ce qui est des oranges, les expéditions portent, dans les meilleurs des cas, sur moins de 100.000 tonnes. En revanche, l’import des oranges sous forme de concentré et jus de fruits est sur une tendance ascendante depuis plusieurs années.
Par ailleurs les principaux marchés extérieurs sont de plus en plus inondés de différentes origines en provenance de pays concurrents bénéficiant de divers avantages. C’est le cas de l’Egypte et de la Turquie qui bénéficient des faibles coûts de la main-d’oeuvre, de l’eau, du carburant et des dévaluations de leur monnaie. L’Espagne, eu égard de sa proximité du marché européen, s’affirme également par la compétitivité de la logistique.
Pour le moment, les opérateurs de la filière se trouvent dans une situation difficile ne leur permettant ni d’honorer leurs engagements vis-à-vis des fournisseurs ni de financer les charges de l’actuelle campagne.
Il est à noter que depuis le mois de janvier dernier, la Fédération a tenu une série de rencontres et de concertations avec le ministère de l’Agriculture. Ces rencontres ont permis d’identifier les mesures de soutien touchant l’amont, l’export et la transformation. Ce qui a été consigné dans la convention signée. Sauf que l’interprofession se refuse à en décliner la teneur.
En revanche, elle abonde sur l’effort d’investissement consenti lors de la dernière décennie dans le cadre du plan Maroc Vert. Depuis 2008, pas moins de 10 milliards de DH ont été investis dont un tiers a été supporté par l’Etat.
«Cet investissement ainsi que son impact sur l’économie sont aujourd’hui compromis si des mesures d’urgence ne sont pas prises», alerte l’organisation des professionnels. D’où l’appel au gouvernement d’activer leur plan de sauvetage dans les meilleurs délais possibles. Du moins les mesures contenues dans la convention signée en juillet dernier. Surtout que le spectre d’une campagne blanche à l’export n’est pas à écarter, prédisent les plus optimistes.
La même appréhension ressort d’ailleurs dans le communiqué publié à l’issue de la dernière assemblée générale de Maroc Citrus.
A.G.
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