
Unanimes, les opérateurs du secteur touristique appellent les représentants de l'ONMT à assurer une veille stratégique sur les TO qui pourraient disparaître dans les prochains mois et informer les professionnels pour stopper les ventes et limiter les dégâts (Ph. YSA)
«Non! le tour-opérateur NG Travel ne pourra pas remplir le vide laissé par Thomas Cook». C'est une affirmation unanimement partagée par les professionnels du secteur du tourisme des principales destinations du Royaume. Elle intervient après la signature, lundi, d'un accord de partenariat entre l'ONMT et le «6e TO français».
Pour Aziz Lebbar, président du CRT de Fès, «il fallait plutôt s'associer avec de gros TO comme le groupe TUI qui a d'ores et déjà pris les parts de marché de Thomas Cook et qui dispose des capacités de traitement sur les principaux marchés émetteurs». Aussi, fait-il remarquer, «l'accord établi avec NG Travel concerne cet hiver. Or, toutes les destinations du Maroc sont surbookées, en cette période, et leurs hôtels ont stoppé les ventes».
Du même avis, un autre opérateur de Marrakech, préférant garder l'anonymat, s'interroge sur «l' intérêt de cette convention surtout que c'est déjà la haute saison touristique au Maroc». «Il fallait prévoir du remplissage pour janvier, février... jusqu'en avril. En clair, en basse saison», propose-t-il. Plus critique, un autre professionnel souligne qu'il faut «éviter le bricolage et ne plus jeter la poudre aux yeux».
Pour plus d'efficacité, «les délégations de l'ONMT devaient assurer une veille stratégique, alerter les professionnels avant la faillite de Thomas Cook, pour que ces derniers puissent stopper les ventes et limiter les dégâts». «Maintenant que le mal est fait, il faut garder un oeil sur les TO qui parlent de difficultés en matière de tourisme, notamment Genesis, et opérer sous avances, garanties et assurances», souligne-t-il.
Autre suggestion, l'Office doit miser sur le marché américain. «Il faut prévoir des contrats co-marketing, organiser des semaines culturelles et gastronomiques aux USA. Car, ce marché pourrait atteindre une croissance de plus de 200% en 2020», estime Lebbar.
En plus, les touristes américains et britanniques dépensent dix fois plus que les touristes européens. Sur un autre registre, les professionnels affirment que «les arrivées aux postes-frontières du Maroc n'ont rien à voir avec les arrivées touristiques dans les hôtels classés».
En fait, les arrivées comptabilisées par les services sécuritaires prennent en compte les mouvements des Marocains qui voyagent, les MRE, ainsi que les touristes qui logent dans les établissements non reconnus ou informels. «Du coup, les statistiques de l'ONMT, parlant d'une hausse de 10% durant les 6 premiers mois de l'année en cours, sont totalement biaisées et ne reflètent pas le nombre exact des arrivées dans les établissements classés», s'accordent les professionnels.
En matière de promotion, l'approche marocaine doit aussi intégrer les réseaux d'influence (bloggeurs, influenceurs, youtubeurs...). «Bref, s'adapter aux changements des modes de consommation», insiste Oussama Alami, directeur d'hôtellerie de charme à Fès et Marrakech. Pour lui, cette nouvelle forme de promotion serait d'un grand apport pour les produits spécifiques, notamment le bien-être, le tourisme de nature et les destinations authentiques.
En tout cas, l'Office est conscient de l'intérêt de la digitalisation. À ce titre, un nouvel accord est scellé avec le TO en ligne MisterFly. La principale priorité est le développement et le renforcement de la programmation Maroc auprès de ce TO. Aussi les responsables de l'ONMT ont-ils abordé les performances sur le Maroc, les résultats préliminaires de la saison en cours ainsi que la mise en avant de la destination Maroc sur la plateforme MisterFly.
Pour ceux qui ne la connaissent pas, MisterFly, c’est 47. 900 nuitées sur le Maroc par an (été 18 et hiver 18/19). Pour les saisons été 19 et hiver 19/20 (du 1er avril 2019 au 31 mars 2020), le TO a pour objectif d’atteindre 77.400 clients, soit 68% de croissance par rapport à la même période de l’année dernière.
La distribution se fait auprès de multiples canaux (sites web, agences de voyages, voyagistes, comités d’entreprise…), en partenariat avec de multiples enseignes et réseaux de distribution (Veepee, Cdiscount, Leclerc Voyages, …).
Rappelons enfin que l’ONMT et MisterFly ont réalisé en avril dernier un Road Show Maroc sur 2 étapes: Fès et région, et Marrakech/ Essaouira avec comme objectif de développer le carnet d’adresses du TO et de booster les ventes de ce dernier à travers la rencontre entre force de vente/ production voyage privé et les professionnels marocains des villes visitées.
Grâce au Road Show et aussi au travail de prospection de la production du TO, 2019-2020 connaîtra la programmation de nouvelles destinations (Fès, Tanger, Essaouira…) ou encore l’augmentation des capacités sur les destinations existantes (Marrakech, Agadir).
Transport aérien aussi
Le développement et le renforcement des capacités au départ de la France sur les différentes destinations touristiques du Maroc pour les prochaines saisons est le but principal de l'accord avalisé avec Transavia. En fait, ce partenariat est déjà actionné pour la saison hiver 2019/2020, avec notamment l’ouverture de la nouvelle ligne directe Paris Orly-Ouarzazate (2 fréquences par semaine) ou encore le renforcement de la ligne Nantes-Agadir (5 fréquences par semaine). Notons que le Maroc constitue le 1er portefeuille de la compagnie avec le Portugal. Transavia a mis en place en 2018, 692.000 sièges vers le Maroc (+36%) et a transporté 632. 000 passagers vers le Royaume avec un taux de remplissage moyen de 91%. Pour l’hiver 19/20, Transavia met en place une offre de 295.000 sièges vers le Maroc au départ de la France grâce notamment à l’ouverture de nouvelles lignes à commencer par le Paris Orly-Ouarzazate (2 vols/semaine), Paris Orly-Nador (1 vol/par semaine) et le renforcement en nombre des fréquences des lignes existantes. «ONMT-Transavia, c’est 158.571 sièges contractuels sur le Maroc (été 19 + hiver 19/20)», précise l'Office.
DNES à Paris, Youness SAAD ALAMI
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