
Un nouveau rapport de l’Institut mondial des ressources (World Resources Institute, WRI) révèle encore une fois une situation préoccupante pour le Maroc qui figure parmi les pays ayant un niveau élevé de stress hydrique. C’est une situation de pénurie d’eau dans laquelle la demande dépasse les ressources disponibles.
En principe, le manque d’eau repose essentiellement sur le déséquilibre géographique et temporel entre la demande et la disponibilité de la ressource. Le Maroc figure, avec la Tunisie, l’Algérie ou encore l’Egypte sur la liste des pays ayant un niveau de stress hydrique «haut».
Pour faire face au problème de pénurie d’eau, le gouvernement avait mis en place un programme d’urgence. Le plan national de l’eau, destiné à assurer la sécurité hydrique du Royaume, nécessitera plus de 200 milliards de DH à l’horizon 2030.
Le World Resources Institute qui s’appuie depuis toujours sur les données émanant du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, qui publie le 8 août son rapport) avait déjà prédit une situation de stress hydrique pour le Maroc à long terme.
Il n’est pas le seul puisque le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2019 «Ne laisser personne pour compte», publié par l’Unesco pour l’ONU-Eau, a déjà lancé l’alerte. Bien qu’au niveau mondial le stress hydrique ne se situe qu’à 11%, 31 pays (dont le Maroc) y sont confrontés à un niveau compris entre 25% (soit le seuil minimal de stress hydrique) et 70%, avait-il précisé. Ce dernier taux touche près de 22 pays, ce qui veut dire qu’ils subissent un fort stress hydrique (cf. notre édition N°5477 du 20/03/2019).
Au Maroc, l’accès aux services élémentaires d’eau en milieu urbain atteint 96%, contre seulement 65% dans les zones rurales du pays. Les chercheurs du WRI avaient déjà relevé la prédominance de trois secteurs les plus voraces en consommation d’eau: industriel, agricole et domestique.
Plusieurs pays de la région Mena sont situés dans la zone rouge: Qatar, Liban, Jordanie, Libye, Koweït, Arabie saoudite, Bahreïn… «L'agriculture, l'industrie et les municipalités absorbent 80% de la surface disponible et des eaux souterraines lors d'une année moyenne dans les 17 pays concernés, principalement situés au Moyen-Orient et au nord de l'Afrique», a écrit l'Institut.
La région est chaude et sèche, donc l’approvisionnement en eau est faible. La demande croissante a poussé les pays encore plus dans des conditions de stress extrême. Les changements climatiques vont compliquer encore les choses.
La Banque mondiale a constaté que cette région présentait les pertes économiques attendues les plus importantes dues à la rareté de l'eau liée au climat, estimées à 6-14% du PIB d'ici 2050.
La situation mondiale n’est pas meilleure
Près d'un quart de la population mondiale, vivant dans 17 pays, est en situation de pénurie hydrique grave, proche du «jour zéro» où les robinets se tarissent. A l’horizon 2030, environ 470 millions de personnes seront en proie à un manque d’eau. Les endroits à risque sont les grandes métropoles telles que São Paulo, au Brésil, Madras (Chennai), dans l’est de l’Inde ou encore Le Cap, en Afrique du Sud.
«Le stress hydrique est la plus grande crise dont personne ne parle. Ses conséquences sont évidentes sous la forme d'insécurité alimentaire, de conflits et de migrations, ainsi que d'instabilité financière», a indiqué le Dr Andrew Steer, président et chef de direction du World Resources Institute. Le stress hydrique fait peser de graves menaces sur les vies humaines, les moyens de subsistance et la stabilité des entreprises.
La croissance démographique, le développement socioéconomique et l’urbanisation augmentent la demande en eau. Tandis que le changement climatique peut rendre les précipitations et la demande plus variables. Il existe toutefois trois façons de réduire le stress hydrique à savoir: «augmenter l'efficacité agricole, investir dans les infrastructures grises et vertes et puis traiter, réutiliser et recycler».
Fatim-Zahra TOHRY
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