
Avec Poes, le regardant plonge dans son lui intérieur, dans ce qu’il interprète de la vie et sûrement aussi dans ses espoirs. Avec «Le Temps des Hommes», l’artiste réunit les nouveaux dieux de nos mythologies contemporaines, du spéculateur au politicien, en passant par le marchand d’armes (Source: Montresso)
XXL est le rendez-vous annuel dédié à la monumentalité de la Fondation Montresso. Pour ce 3e numéro, visible jusqu’au 30 juin, trois artistes habitués des grands formats: Mohamed Saïd Chair, Poes et Skunkdog. Une confrontation à l’exercice de la démesure qui trouve aisément sa place au sein de l’espace d’art à Jardin Rouge.

La mythologie urbaine de Skunkdog garde bien visible le regard radical de l’artiste qui donne à voir les facettes, souvent cachées, de notre monde moderne (Source: Montresso)
Ici, ils ont de quoi expérimenter et bâtir des toiles de 3 mètres de haut pour Chair, des triptyques pour Poes ou de gigantesques bas-reliefs pour Skunkdog. L’inspiration, la réflexion, ils les puisent sur ce domaine, éloigné du centre de Marrakech, totalement ouvert sur la nature et le quotidien environnants.
Avec Poes, le regardant plonge dans son lui intérieur, dans ce qu’il interprète de la vie et sûrement aussi dans ses espoirs. Tout est propre, net. Le trait est obsessionnellement régulier et souligne, fait rayonner, une palette de couleurs joyeuses. Pourtant le propos peut être cruel. Avec «Le Temps des Hommes», l’artiste français, biberonné au graffiti et à la bande dessinée, réunit les nouveaux dieux de nos mythologies contemporaines, du spéculateur au politicien, en passant par le marchand d’armes.
Dans son «chemin de croix», peint l’année de ses 33 ans, «un âge fatidique» s’amuse l’artiste, il égrène sa vie, de sa naissance à son mariage, de l’enfance à la maturité en quelque sorte. «De l’auto-mythologie» comme il aime à dire. Un autre invité régulier à Jardin Rouge, Skunkdog peaufine sa série de palissades de bois et de sculptures métalliques.

Les héros de Mohamed Saïd Chair n’ont pas de visage. L’artiste leur affuble un corps oisif et englué dans les kilos en trop. Une intimité crue mise en scène par ce Tangérois autodidacte, attaché à l’hyperréalisme (Source: Montresso)
Au premier abord, son travail est un condensé de combats, d’exaspérations, d’aberrations dans une profusion de mots, d’images et de messages mis en relief par ses fameux robots. Pour cette nouvelle résidence, un peu de douceur s’est infiltrée. Par petites touches. Il n'empêche que sa mythologie urbaine garde bien visible le regard radical de l’artiste qui donne à voir les facettes, souvent cachées, de notre monde moderne.
Mohamed Said Chair est une belle découverte. Et dire qu’il s’était lancé dans la finance avant de définitivement comprendre que sa place est face à une toile. Enfin à des cartons surtout, qu’il superpose, colle et consolide pour en faire la base grand-format de ses hommes sans tête. Si ses héros à lui n’ont pas de visage, il leur affuble un corps oisif et englué dans les kilos en trop. Une intimité crue mise en scène par ce Tangérois autodidacte, attaché à l’hyperréalisme.
J.A.
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