
Le café est avec le pétrole et les minéraux l’une des premières richesses de l’Afrique et constituent l’essentiel de ses exportations à tel point que son économie fluctue au gré de leurs prix sur les marchés internationaux (Ph. Comodafrica)
L’intérêt pour l’Afrique faiblit mais ne s’estompe pas pour autant. Dès la fin des années 2000, avec la fin de plusieurs conflits armés, les pays du continent ont vu leur croissance monter en flèche grâce à une importante demande en infrastructures. Des taux de croissance à deux chiffres insolents à l'époque, mais aussi très éphémères, la réalité ayant repris le dessus très rapidement.
A l'origine, l’effondrement des cours des matières premières, en particulier ceux du pétrole, qui ont chuté de 67 % entre juin 2014 et décembre 2015, et l’atonie de l’économie mondiale. Certains pays ont, en revanche, continué à afficher une santé financière robuste. C’est le cas des pays importateurs de pétrole tels que le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie, ou encore de la Côte d’Ivoire, qui ont bénéficié d’un contexte économique favorable et d’une augmentation des investissements.
Mais dans un contexte plus général, l’activité économique a effectivement ralenti en Afrique, en 2016, avec une croissance moyenne du PIB qui est passée en dessous de la barre des 2%, au lieu des 3,5% enregistrés en 2015. «Il s’agit du taux de croissance le plus bas depuis 2009», indique le rapport de la Banque mondiale, «mais qui reste, toutes proportions gardées, supérieur à celui de l’Europe». D'ailleurs, les prévisions pour 2017 sont optimistes: le continent pourrait retrouver la croissance et atteindre les 4,5 % en 2017 et les maintenir au moins en 2018.
Le ralentissement général se constate aussi au niveau des investissements. Toujours au cours de la même année, «le montant des investissements directs étrangers (IDE) capté par le continent a atteint 59 milliards de dollars», précise un rapport de la Cnuced, soit plus de dix fois les recettes touristiques engendrées par le Maroc en 2016.
Le chiffre peut paraître important mais il se place sur une tendance baissière pour la 5e année consécutive et varie dans d’importantes proportions en fonction des régions. En effet, le continent avait attiré, en 2015, 61 milliards de dollars, soit 3% de plus.
Près des 2/3 de ces investissements sont partis vers le quintet de choc mené par l’Egypte et qui comprend le Nigeria, le Ghana, l’Angola et l’Ethiopie. Pour l’Egypte, les augmentations sont dues à la découverte d’importants gisements de gaz qui ont attiré plus de 8 milliards de dollars d’investissements, essentiellement de compagnies pétrolières étrangères. Ce montant représente plus de la moitié des investissements ayant ciblé la région de l’Afrique du Nord avec au total 14,7 milliards de dollars en hausse de 11%.

En Afrique Centrale, la tendance a été à l’inverse. Les investissements à destination de la région ont connu une baisse de 15%, en 2016, pour atteindre les 5,1 milliards de dollars. Même à l’intérieur de ce groupe, les évolutions sont marquées. Si la République démocratique du Congo (RDC) n’a réussi à attirer que 1,2 milliard de dollars (en chute de 28%, à cause de la baisse des matières premières), sa voisine, la République du Congo (ou Congo-Brazzaville) a tiré son épingle du jeu en absorbant près de 2 milliards, soit une hausse de 8%. Un exploit dû en partie au maintien des investissements chinois dans ce pays. La RDC vu l’importance du secteur minier a souffert de la baisse des matières premières.
Le champion toutes catégories est l’Ethiopie. A 3,2 milliards de dollars, elle s’est accaparée presque la moitié des investissements directs attirés par l’Afrique de l’Est, soit une hausse de 46%. Elle est aidée en cela par des politiques économiques claires.
En Afrique de l’Ouest, les flux d’IDE ont crû de 12% pour s’établir à 11,4 milliards de dollars. Le Ghana, avec ses projets de transformation d’hydrocarbures et de cacao, affiche une croissance de 9% de ses IDE estimés à 3,5 milliards de dollars.
La Cnuced se veut toutefois plus optimiste pour l’année en cours. «Les investissements étrangers directs devraient reprendre en 2017», estime l’institution qui assure que bien que les pays les moins avancés soient en mesure d’attirer davantage de capitaux étrangers dans les secteurs manufacturier et des services, les secteurs pétrolier et gazier continueront d’être plus attractifs.
Investissements intra-africains: Bravo le Maroc
Le Maroc est devenu en l’espace de quelques années l’un des principaux investisseurs en Afrique, surtout en Afrique de l’Ouest. Selon un rapport de la Banque africaine de Développement publié en juin dernier, le Maroc s’affirme comme un investisseur de premier plan, avec environ 8 milliards de dollars d’investissements annoncés en 2015-16, signe de l’appétit des entreprises marocaines dans les services financiers, les télécommunications et les industries manufacturières.
Parmi les premiers bénéficiaires des fonds marocains, l’Éthiopie avec 3,7 milliards de dollars destinés à la construction d’une usine d’engrais, un accord signé en novembre 2016. Elle est suivie par la Côte d’Ivoire avec 2,7 milliards de dollars. Ce montant permet au Maroc de devancer la France et de devenir le premier investisseur étranger.
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