
Avec courage, discipline et patriotisme, les Marocains se sont imposés les mesures restrictives de leur liberté. Et avec créativité, comme l’a montré le développement de la production de masques, sous la houlette de Moulay Hafid Elalamy.
Pour les plus pauvres, ils ont béni les aides de Sidna. Quant aux plus riches, ils ont trouvé cela tout à fait logique, socialement et politiquement logique.
On savait tous qu’il y avait une limite à cette mobilisation nationale: un milliard de DH par jour. Le ministre des Finances l’avait dit très clairement. Chaque jour efface une partie de la richesse nationale, non pas parce qu’on la gaspille, mais parce qu’on ne la produit plus.
Pas la peine de faire une thèse d’économie pour savoir qui, dans la population marocaine, paye et payera le plus pour cet affaissement. Il faudrait peut-être écrire effondrement.
Le pire n’est pas là.
Ce n’est pas seulement une question d’argent et de redistribution. Le malaise et le doute se sont insinués entre le courage, la discipline et le patriotisme.
On les voit s’infiltrer depuis deux mois. Ils sont portés par toutes ces histoires circulant sur les agents de police et sur le système de santé. Que ces histoires soient vraies ou fausses n’a aucune importance. Leur intérêt, c’est leur existence. Pourquoi les gens se les racontent-ils? Quel terreau les a fait pousser?
Les citoyens voient eux-mêmes que la stratégie de mars, avril et mai 2020 a donné tout ce qu’elle pouvait. Depuis juillet, elle fonctionne à l’envers. Ces citoyens n’ont qu’une explication en face d’eux: «c’est de votre faute»!
Deux conséquences: les Marocains deviennent ennemis les uns des autres et le virus galope d’autant plus vite que les gens fuient le système de santé.