En validant les décrets d’application de l’assurance maladie, le Maroc a incontestablement franchi un grand pas. Jusque-là, il semblait tout à fait naturel de s’interroger sur le degré d’engagement du gouvernement sur un dossier socialement populaire mais dont on pensait la faisabilité politique et financière incertaine. Maintenant que le front est ouvert, les questions ne cessent pas pour autant. Il convient notamment de s’interroger sur la proportionnalité des moyens par rapport aux objectifs. Par exemple sur l’incidence budgétaire de ce qui pourrait être le plus grand chantier social de toute l’histoire du Maroc, force est de constater que nous manquons de visibilité. Il y a eu des estimations sur la réforme de la santé, sur le surcoût dans le public, ou encore sur l’effort de cotisation dans le privé, mais jamais le gouvernement ne s’est hasardé à cautionner une vue d’ensemble. Or, en matière d’assurance maladie, c’est bien le volet financier qui a toujours concentré l’essentiel des appréhensions. Rétrospectivement, si l’on tient compte des expériences d’autres pays, les craintes paraissent fondées. Avons-nous verrouillé le système sur ce registre? Avons-nous suffisamment sensibilisé les producteurs de soins, garants de la cohésion de l’ensemble, aux aspects d’économie de la santé? Pour consolider l’édifice, ceux qui ont concocté l’AMO recommandent de faire basculer ceux qui sont assurés dans le privé dans le système généraliste au bout d’une période transitoire de cinq ans, peut-être même avant. La mesure est là aussi discutable. Pourquoi ces populations devraient-elles accepter de jouer les principes de mutualisation alors même qu’elles bénéficient de couverture qui marche? Certes, il ne s’agit pas de jeter aujourd’hui le bébé avec l’eau du bain. Avec un taux de couverture d’à peine 17%, il y a une forte attente sur ce dossier, c’est indiscutable. Mais comment faire l’économie de questions lorsqu’on effectue un grand saut... à risque?Mohamed BENABID
L'Edito
Risques
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