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Pourquoi l'UMT votera contre Benkirane?

Par L'Economiste| Le 23/09/2016 - 17:07 | Partager
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L’UMT appelle ses adhérents et leurs familles à voter «contre le gouvernement, ses composantes et le parti qui le dirige». A l’origine de cette position, l’échec du dialogue social et les lois adoptées sans concertation. El Miloudi El Mokharek, secrétaire général, explique les raisons qui ont poussé son syndicat à rompre avec la neutralité politique.

- L’Economiste: Vous allez appeler vos adhérents à voter contre le gouvernement ou contre le PJD? Quelle est précisément la consigne?

- El Miloudi El Mokharek: 
Le bilan du gouvernement est négatif. Il ne croit ni dans la démocratie, ni dans la Constitution dont il a violé plusieurs dispositions. Il a fait passer, sans concertation, la réforme de la retraite et le texte sur la mutualité. Il a essayé de faire adopter un projet de loi organique sur la grève. Ce gouvernement a gelé le dialogue social et violé les libertés syndicales. Les collisions avec une certaine catégorie de patrons se sont traduites par le licenciement de plusieurs salariés pour leur activité syndicale. Nous ne pouvons que condamner cette équipe hostile aux salariés et au mouvement syndical. Après débat, notre conseil national, qui regroupe tous les représentants des régions, des grandes villes et des différents secteurs, appelle les salariés, nos adhérents et leurs familles à accomplir le devoir national en allant voter. Mais aussi à voter contre ce gouvernement, ses composantes et le parti qui le dirige et qui dispose d’une majorité.

- Quel est donc le parti que vous allez appuyer?

- Nous avons donné la consigne pour un vote sanction contre les partis au gouvernement mais nous n’avons pas encore donné de consigne pour voter pour un parti précis. Ceci dit, des partis politiques ont fait leur autocritique au cours des dernières semaines. Nous en avons pris acte. Nous avons créé une commission nationale composée de dirigeants de l’UMT, des commissions régionales et sectorielles. Nous allons étudier circonscription électorale par circonscription. Il n’y aura pas de consigne de vote général pour un parti déterminé. Nous allons étudier les programmes, voir s’ils apportent des réponses à nos revendications et fixer par la suite des critères de choix. Notre syndicat a un référentiel pluraliste et nous allons prendre en considération les sensibilités internes.

- Vos adhérents pourraient ne pas suivre. Rien ne le garantit.

- Nous avons l’attachement et la discipline syndicale. La présence massive au Conseil national, les interventions… tout le monde est d’accord sur cette position. Nous avons l’expérience des élections des délégués du personnel et de la deuxième Chambre au Parlement. Nos militants sont disciplinés, les consignes seront suivies.

- De ce qui a été présenté, jusqu’à maintenant, quel est le programme qui répond le plus à vos demandes?

- C’est d’abord celui qui va abroger la sinistre loi sur les retraites. Sur ce dossier, les travaux de la Commission d’enquête parlementaire ont commencé. Nous sommes sûrs que les chiffres du gouvernement sont erronés. Nous sommes, par ailleurs, pour le programme qui prévoit un partenariat avec le mouvement syndical basé sur la concertation, le dialogue et la négociation. Nous voulons instaurer de nouvelles relations avec le prochain gouvernement.

- Avec votre position, vous franchissez une ligne. L’UMT ne risque-t-elle pas de perdre sa liberté d’action?

- Notre conseil national a adopté trois grandes mesures. Nous allons rompre avec la neutralité politique, appuyer ceux qui nous soutiennent et sanctionner ceux qui nous sont hostiles. Le gouvernement actuel a agressé le mouvement syndical par son comportement et ses décisions rétrogrades. Le fait de donner une consigne de vote n’entachera pas notre indépendance vis-à-vis des partis politiques. L’indépendance de l’UMT est sacrée.

- Comment un syndicat peut-il faire pression alors que le taux de syndicalisation au niveau national reste très faible?  

- Le taux de syndicalisation n’est pas faible comparativement aux autres pays du monde arabe. L’UMT encadre des salariés dans des secteurs hautement stratégiques. Nous avons les délégués syndicaux, nos adhérents et leurs familles. Nous avons aussi d’autres structures telles que la jeunesse de l’UMT, la femme ouvrière de l’UMT et nos retraités. Cela représente des dizaines de milliers de personnes. Notre décision politique, nous la proclamons haut et fort: Non à ce gouvernement! Et nous allons la mettre en place via la Commission nationale de suivi des élections et les commissions régionales et sectorielles. Dès mercredi dernier, ils ont commencé à travailler sur la cartographie politique de chaque circonscription électorale.

Propos recueillis par Khadija MASMOUDI