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Manifestation des enseignants : Lourd bilan à Inezgane

Par L'Economiste| Le 10/01/2016 - 09:01 | Partager
∎ 100 blessés dont 37 blessures graves et 7 cas hospitalisation
∎ Les faits ont été rapportés directement au ministre de la Justice le lendemain à Agadir
 

Une indignation générale autour des tristes événements qu’on connu les centres de formation des enseignants lors du manifestations du jeudi 7 janvier au niveau national. L’intervention musclée des autorités à Inzegane était parmi les plus sanglantes. Les vidéos et photos sont d’une rare violence et continuent d’alimenter les sites sociaux. « 100 blessés dont 37 blessures graves et 7 cas hospitalisation est le résultat d’une manifestation voulue pacifique», s’indigne amèrement Houcine Amerjij, coordinateur régional de la commission nationale des enseignants stagiaires à Inzegane. Un bilan lourd pour une marche de protestation sensée se dérouler dans les conditions normales avec slogans et pancartes. La journée du 7 janvier a commencé par le blocage par les autorités de toutes les issues menant au centre de formation à Inezgane où devait se dérouler le sit-in aux environs de 8h. Quelques pancartes et hauts parleurs ont été confisqués. Ce n’est que vers 9h30 que les portes du centre de formation de Inezgane ont pu être ouverte et l’accès a été libéré. Les stagiaires participants sont venus de huit centres de formations régionaux du sud du Maroc: Laayoune, Tata, Guelmim, Ouarzazate, Tiznit, Taroudant, Agadir et Inezgane. Au total, ce sont quelques 1200 participants qui ont fait les frais de ce « jeudi noir », entre enseignants stagiaires, élèves et familles venus soutenir la cause et des membres associatifs ainsi que quelques représentants des centrales syndicales. « L’intervention des autorités a duré 20 minutes et n’a pas fait de distinction entre les manifestants au début. Par la suite, plusieurs agents des forces d’intervention rapide ont investit l’intérieur du centre d’Inezgane pour poursuivre les manifestants » ajoute Amerjij. Cette journée d’horreur a enregistré également des blessés parmi des membres associatifs qui ont essayé de se mettre en chaîne humaine pour protéger les stagiaires des coups de matraque. «  Nous avons été assaillis par des jets de pierres venant de l’extérieur du centre alors que nous étions coincés à l’entrée, d’où la gravité des blessures des manifestants », rapporte un autre participant à la manifestation. Ce vendredi 8 janvier, la commission nationale des enseignants stagiaires à Inzegane a profité de la présence du Ministre de la justice, Mustapha Ramid, à Agadir pour exprimer son indignation face à violence de l’intervention des forces de l’ordre dont ils ont été victimes. Devant la chambre de commerce à Agadir, un sit-in des enseignants stagiaires  s’est déroulé au moment où se déroulait une conférence des magistrats à l’intérieur des lieux. Le Ministre, en présence de représentant des différents CRMEF de la région, a écouté avec intérêt les faits rapportés par le groupe. Il a également assuré au groupe des représentants qu’il est en train de rassembler les faits de ces événements à l’échelle nationale pour mieux mesurer la gravité de ce qui s’est passé. Aucune répression n’a été enregistrée lors de ce sit-in et les manifestants se sont retirés sans aucune altercation avec les autorités venues en force sur les lieux. A l’heure qu’il est, les membres de la commission nationale des enseignants stagiaires n’envisagent pas de poursuites judiciaires suite aux faits. Une demande de rencontre urgente avec le Ministre de l’Education Nationale a été signée par les 5 centrales syndicales de l’enseignement et émise ce vendredi 8 janvier afin de trouver une issue à cette situation. La balle est dans le camp du Ministère.

 

Les décrets de la discorde
Derrière les manifestations et les boycotts des enseignants stagiaires on retrouve deux décrets 2-15-588 et 2-15-89 adoptés par le ministère de l’Education nationale le 8 octobre 2015. Cette décision a levé un tollé auprès des enseignants en formation puisque le premier décret suspend l’emploi direct dans les établissements d’enseignement publics à l’issue de la formation dans les Centres régionaux des métiers d’éducation et de formation (CRMEF). Le second décret réduit, quant à lui, de moitié la bourse des enseignants stagiaires qui passe ainsi à 1.200 DH au lieu de 2.454 DH. Cette situation fait que pour l’année 2016 par exemple, sur les 10.000 enseignants stagiaires qui ont intégré les centres, 7.000 seulement seront embauchés dans la fonction publique suite à un concours de sortie. Les 3.000 restants devront intégrer l’enseignement privé s’ils ne veulent pas rester en chômage. En novembre déjà des manifestations ont eu lieu à Rabat pour revendiquer le retrait de ces deux décrets.
Sabrina Belhouari